Le credo du grapho

Publié le par Den

J'ai mis dans l'introduction le passage suivant (en exclusivité pour vous internautes dignes de confiance) :

Dans quel but avez-vous écrit cet ouvrage ?

Partons d'un constat : il y a aujourd'hui en Occident un très fort engouement pour les œuvres des auteurs japonais dans le domaine de le B.D. et du dessin animé, et l'on se rend compte très vite en observant ces œuvres qu'elles doivent notamment leur succès à l'utilisation systématique d'éléments récurrents, dans divers domaines. Il s'agit d'éléments graphiques, narratifs et éditoriaux : les mêmes traits reviennent dans l'aspect des personnages, les mêmes trames scénaristiques reviennent, les mêmes publics sont ciblés, etc.

Compte tenu de l'attrait des manga et du fait que les séries japonaises soient présentes sur le marché français de la B.D. depuis maintenant plusieurs années, des acteurs professionnels de ce marché (auteurs, éditeurs) ont très tôt désiré produire des créations de B.D. proches de leurs équivalents japonais. Pourtant, le succès n'a pas été au rendez-vous, comme si seuls les créateurs japonais possédaient un je-ne-sais-quoi qui les rendrait capables de mieux toucher le public et le séduire.

Or la majeure partie de ce qui fait le succès du manga relève à mes yeux de la technique, et de l'application rigoureuse des éléments graphiques, narratifs et éditoriaux que j'ai cités plus haut ; il n'y a nul mystère, nulle magie dans son succès international actuel. Il y a simplement, en plus des talents individuels, une utilisation systématique de certaines techniques.

Les symboles graphiques sont l'une de ces techniques. Et je crois fermement qu'il est possible de maîtriser cette technique, dans le but de créer des œuvres reposant sur les mêmes bases que leurs équivalents japonais, et profitant des mêmes bénéfices. Je souhaite donc que le Grapholexique du Manga, en plus de son rôle de présentation du sens des symboles graphiques au public, serve de ressource à tous les auteurs qui ont l'ambition d'acquérir ces fameuses techniques japonaises de la B.D., et passer ainsi de l'admiration des auteurs de manga à une émulation avec ces derniers.

 

J'espère que l'émulation des auteurs occidents avec les auteurs japonais aura lieu, et dans peu de temps...
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M
mmm je me permet juste de signaler que parfois (souvent) le succès, l'éfficacité d'un manga ne vient pas forcément de la rigeur de l'integration du style et des codes, mais de leur rupture, ceci dit il vas de soi que la rupture necessite la maitrise préalable...<br /> <br />
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D
Le contraire me semble évident, jeune jedi... Mais encore faut-il savoir de quelle type de "rupture" on parle. Tous les auteurs ne peuvent pas être des génies.Dans le domaine où j'officie modestement, dans cet ouvrage, les symboles graphiques, je vois mal comment une rupture pourrait avoir lieu et être profitable. Je n'en connais pas d'exemple. Les symboles graphiques tirent leur force de leur régularité.Dans le domaine plus général des techniques japonaises de la B.D., les "ruptures" sont généralement des coups de génie très rares et ne pouvant pas être reproduits (puisqu'ils sont l'oeuvre de génies justement). Or ce qui m'intéresse est de m'adresser aux individus ordinaires, qui ont la volonté d'atteindre, par les efforts et la persévérance, un haut niveau de technique.
M
Ah oui, je vois très bien de qui tu parles ;-)Dans le passé, à l'époque par exemple de ma participation au site (puis magazine) Mangajima, j'opérais sous le pseudo MoMo, mais vu que j'ai fini par reprendre mon véritable prénom, cette confusion est désormais possible ^^;;; (à ma décharge, et par pure esprit de provocation, au moins, dans mon cas, c'est mon véritable prénom :P) Je suis d'accord sur la question de l'hybridation. Surtout que le paysage mondial de la BD ne saurait se réduire aux seuls Europe et Japon. Et il y a en effet des techniques, tant visuelles que narratives, que les Européens doivent s'approprier (ou se réapproprier). Par exemple, que penser de ce désintérêt, en France, pour la forme "feuilleton" au cours des années 80 alors qu'elle sera l'une des (nombreuses) origines du succès des mangas ? On voit toutefois des auteurs et des éditeurs tenter autre chose : la récente Collection 32 de Futuropolis en témoigne (dommage que le public ne suive pas... parce que les lecteurs classiques de franco-belge sont peut-être un peu frileux et que les lecteurs de mangas peinent encore à être séduits par la BD française). Dans un tout autre genre, Joan Sfar a compris bien des choses bien avant un bon nombre de ses confrères (je ne suis pas un admirateur inconditionnel de cet auteur mais, objectivement, je dois reconnaître l'originalité et le dynamisme salutaire de son oeuvre).
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D
Oui, la question de la publication sous forme de feuilleton est centrale... ce qui amène à la question du support de publication. Il y a beaucoup à réfléchir et à faire dans ce domaine !
J
Félicitations pour avoir mené ce projet à bien! Quel aboutissement!<br /> Je souhaite une belle existence à ton livre et, à toi, une belle vie d'auteur et de passionné.
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D
Merci, ton message me fait plaisir !(courage à nous deux, car la rentrée approche !)
M
Je ne sais plus si j'ai déjà commenté dans ces colonnes, que je suis depuis que Ndj en a parlé sur son blog, alors je vais commencer par quelques mots de félicitations : c'est très intéressant de voir le bouquin se construire au fur et à mesure, démarche intéressante (et, forcément, cela donne un bon coup de pub' au livre que je ne manquerai pas de me procurer à sa sortie - la rubrique consacrée publiée dans AL était déjà l'une de mes préférées). Je pense que l'émulation dans le sens "les influences japonaises motivent les auteurs français" est déjà présente depuis plusieurs années. Et qu'on a dépassé la simple "admiration" ; il faut d'ailleurs plutôt chercher du côté des auteurs ayant débuté dans les années 90 que dans les années 2000 pour voir des influences un peu "digérées" (c'est normal, la maturité tant graphique que scénaristique s'acquiert peu à peu, à moins d'être un génie). Morvan et Buchet, par exemple, me paraissent avoir intégré certaines techniques des Japonais et posséder un regard lucide sur la manière dont la BD franco-belge peut gagner de ces multiples influences. Sur le sujet, l'interview que donne Morvan dans le dernier Bo-Doï (arrivé en kiosques à la fin de semaine, me semble-t-il) est intéressante : les auteurs français tentent de nouvelles choses, mettent en place des collaboration avec leurs collègues japonais... le dynamisme et le changement sont les conditions indispensables pour maintenir l'intérêt à long-terme d'un média, la BD n'y fait pas exception.
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D
En fait, Morgan, tu partages ton nom avec une personne de qualité, également lectrice de ce blog et participant à l'aventure du Grapholexique ; j'ai pensé que c'était elle qui réagissait, mais en lisant ton message j'ai compris que ce n'était pas le cas ! :o)Ta réaction est très intéressante, et ça fait plaisir. La question est en effet "dans quelle mesure créateurs français/occidentaux se sont-ils appropriés les techniques japonaise ?". Mais je suis assez insatisfait pour l'instant des résultats (bon, je suis d'accord avec toi, c'est vrai qu'on ne peut pas tout d'un coup dessiner un récit comme Rumiko Takahashi... il est normal qu'il y ait des étapes). Enfin, comment dire... Ce n'est pas tout à fait ça. Je porte en fait un regard assez positif sur les récentes publications d'auteurs tentant de mettre en oeuvre un certain nombre de techniques japonaises (par exemple le Pink Diary de Jenny).Ce qui me gêne, et me rend insatisfait, c'est plutôt l'idée récurrente que l'avenir de la BD française serait dans un mélange, une "hybridation" qui ferait la synthèse des points forts français et japonais. Je n'y crois pas. Je pense que la BD française est en retard de plusieurs décennies sur la BD japonaise, et qu'il faut rattraper ce retard. Et qu'avant de mélanger et d'hybrider, il faut d'abord acquérir les techniques que l'on pourra alors dépasser...